Auteur : Nathalie ELHAGE, académie de Toulouse
Le travail coopératif et le travail collaboratif, quelle différence ?
Le travail coopératif
Le travail coopératif peut être défini comme une organisation collective du travail dans laquelle la tâche à satisfaire est fragmentée en sous-tâches. Chacune de ces sous-tâches est affectée à un acteur, soit selon une distribution horizontale, soit en fonction des compétences particulières de chacun. De ce fait la responsabilité de chacun est engagée sur la seule réalisation des tâches qui lui sont propres. Cerisier 1999 cité par Erwan Boutigny, maître de Conférences à l'Université du HavreLa communication, les échanges ou le partage d’éléments se fait en fonction du besoin, étape par étape, pour arriver à atteindre la résolution individuelle de la sous-tâche.
Le travail personnel est facilement identifiable et mesurable par le reste du groupe. Une sous-tâche non réalisée ou réalisée laborieusement a un impact direct sur la tâche principale. Les rapports entre les membres sont principalement verticaux.
Le travail collaboratif
Le travail collaboratif ne relève pas d’une répartition a à priori des rôles. La collaboration s’entend en fait par une situation de travail collectif où tâches et buts sont communs. Chaque membre du groupe travaille sur les mêmes points. La responsabilité est donc ici collective. Ce mode de travail collectif engage par conséquent une communication régulière entre les membres du groupe et une connaissance précise de la progression de l’action collective. France HENRI, docteur en technologie de l’éducation de l’Université Concordia (Montréal)Le travail individuel est difficilement identifiable et mesurable. La responsabilité de l'avancement des tâches est constamment partagée par l'ensemble du groupe. Les rapports entre les membres sont horizontaux. Ils impliquent un engagement mutuel concerté et de confiance pour accomplir la tâche demandée.
Les enjeux de la pédagogie coopérative
Sensibiliser les élèves aux valeurs de la coopération
Pour coopérer il faut sensibiliser les élèves aux valeurs et aux softskills qui les aideront à : partager, s’entraider, s’écouter, se construire à partir de leurs erreurs, provoquer la synergie nécessaire pour s’ouvrir aux autres, avoir confiance les uns envers les autres, être solidaires, ne pas avoir peur de s’engager, mais surtout à prendre du plaisir à apprendre.Apprendre à coopérer
La coopération n’est pas innée pour tous, elle s’apprend à travers des structures qui permettent la collaboration.Elle s’organise en :
- créant des interactions en groupes hétérogènes restreints,
- permettant l’interdépendance,
- définissant la responsabilisation des membres de l’équipe,
- mettant en place des habiletés coopératives
- rendant possible la réflexion critique
Coopérer pour apprendre
Une fois que le professeur a instauré un climat propice à la coopération, les structures coopératives vont aider les élèves à coopérer pour apprendre.C’est à ce niveau que les coopérants prennent plaisir à apprendre.
Comment sensibiliser les élèves aux valeurs de la coopération ?
- Journée d'intégration
la mise en place de jeux coopératifs simples (escapes games, Jeu de piste, courses d'orientation, rallye, etc.), une marche parrainée, etc. - L'instauration de rituels
À chaque cours un rituel est nécessaire pour mettre en confiance les élèves. Exemple de rituel en lien avec l'actualité : en début de séance, consacrer 2 à 3 min aux valeurs olympiques de chaque jeu depuis 1896. - Tout au long de l'année et par période
L'enseignant et les élèves choisissent une valeur ou un softskill à mettre en action dans la classe - Une pédagogie variée
Les élèves sont hyper connectés et les intelligences sont multiples dans une classe ce qui poussent à varier les méthodes d’apprentissages. La pédagogie coopérative n’a pas l’exclusivité. - La visibilité par l'enseignant de la coopération entre les élèves 'VOIR'
L'enseignant rappelle aux élèves ce qu'il doit voir pour s'assurer que la classe coopère. Ce sont les élèves qui donnent les réponses qui doivent être bien visibles en classe. - L'écoute par l'enseignant de la coopération entre les élèves 'ENTENDRE'
L'enseignant rappelle ce qu’il doit entendre pour s’assurer que la classe coopère. Ce sont les élèves qui donnent les réponses qui doivent être bien visibles en classe.
Concrètement, quel est le travail de l'enseignant ?
La responsabilisation : la distribution des rôles
- Le maître du temps. Il gère le temps imparti pour réaliser la tâche et éviter les digressions.
- Le lecteur. Il lit et interprète les informations liées à la tâche.
- Le médiateur. Il veille à la distribution du temps de parole. Tous les élèves doivent participer.
- Le scripteur. Il est chargé de prendre des notes sur les échanges et le travail réalisé.
- L’intendant. Il s’occupe du matériel et de la recherche des vidéos à visionner
- Le rapporteur de l'équipe Il prend la parole au nom de l'équipe pour restituer le travail à l'ensemble de la classe.
L'interdépendance dans la coopération
Il y a différentes façons de favoriser l’interdépendance en se servant d’objectifs, de ressources, de tâches, de rôles, de forces extérieures de récompenses ou de l’environnement.Exemples
L’interdépendance liée aux tâches
Il s’agit de répartir la tâche de manière à ce que chaque membre de l’équipe soit chargé d’accomplir une partie distincte du travail et ait sa part de responsabilité. L’interdépendance liée aux ressources
Les membres de l’équipe doivent partager du matériel en vue d’effectuer la tâche. Par exemple une feuille réponse pour l’équipe.
Des exemples de pratiques coopératives
Des exemples de pédagogies coopératives
Économie Droit - La consommation des ménages
Cette situation, proposée Nathalie ELHAGE de l'académie de Toulouse, présente la mise en place élaborée d'une pédagogie coopérative et collaborative.Les élèves, sur un temps de travail donné et chacun dans leur rôle, sont positionnés en "Famille de travail" ou en "Équipe d'experts" selon le travail à accomplir. La formation des groupes se fait à l'aide d'un jeu de cartes pour que l'élève repère sans difficulté sa position dans l'organisation des groupes et leur rotation